Le premier livre sur la sorcellerie

Le premier livre sur la sorcellerie

The Discoverie of Witchcraft (1584) (domaine public) - n'est pas le livre à charge auquel on s'attend mais un véritable exposé sur la sorcellerie et le tout premier livre connu de trucs et astuces de magiciens.

 L'auteur, Reginald Scot croyait que la persécution des prétendu·es sorcier·ères était irrationnelle et anti-chrétienne, et tenait l'Église catholique pour responsable.

SUR LA BOUTIQUE
Collection witchy

Collection de carnets et affiches d'art d'inspirations ésotériques imprimés en France 🇫🇷 sur un papier certifié FSC.

 

The Discoverie of Witchcraft, wherein the Lewde dealing of Witches and Witchmongers is notablie detected, in sixteen books  (littéralement : « La Divulgation1 de la sorcellerie, où les agissements indécents des sorcières et de ceux qui font commerce de sorcellerie sont révélés au grand jour, en seize livres ») est un ouvrage de l'écrivain anglais Reginald Scot publié en 1584

 

Un exposé sceptique sur la sorcellerie

On s'imagine parfois le XVIe siècle comme une période obscure où tous les intellectuels sans exception allaient dans le sens de l'église et sa chasse aux sorcières par craintes de représailles.

Que nenni !

"Près d'un siècle après le retentissant Marteau des sorcières (1486), une voix s'élève en Angleterre pour mettre un terme aux chasses aux sorcières qui ravagent l'Europe. The Discoverie of Witchcraft, wherein the Lewde dealing of Witches and Witchmongers is notablie detected, in sixteen books (1584) de l'anglais Reginald Scot (...) tente de déconstruire le mythe de la sorcière toute puissante et son pacte diabolique."

Source : La sorcellerie démystifiée (2015), Pierre Kapitaniak

L'auteur y détaille avec minutie comment le public peut se faire arnaquer par de simples charlatans et leurs tours de passe passe et pourquoi il ne faut surtout pas y voir là une quelconque expression du diable.

Le livre est si détaillé qu'il est aujourd'hui considéré comme l'une des premières sources écrite sur la prestidigitation.

 

La sorcière

Reginald Scot présente la sorcière comme suit : 

"Elle va de porte à porte, quémandant un pot de lait, du levain, de la boisson, de la soupe ou encore autre chose. Face au refus des voisins de lui donner une aumône, elle maudit le maître de maison, sa femme, ses enfants et le bétail jusqu'au petit pourceau dans la porcherie. Sans doute, prévoit l'auteur, tôt ou tard un des enfants tombera malade, et les parents ignares en rendront la « sorcière » responsable. Quant à celle-ci, voyant se réaliser ses vœux les plus secrets, elle s'arrogera un pouvoir maléfique, que, pressée par le juge, elle finira par reconnaître. Le juge est ainsi trompé, tout comme la victime et la sorcière elle-même. On attribue en effet à cette dernière ce qui est du ressort de Dieu seul (lib. I, cap. 3, p. 4-5), par exemple la faculté de rendre malade et de guérir, en bref : tout fait qui est hors de la portée des hommes."

Source

N'allez pas chercher là un acte de bonté envers les femmes de la part de l'auteur car il n'en est rien.

"Ce n'est pas parce qu'il éprouverait une sympathie particulière envers ces femmes – « vieilles et indigentes » – que Scot les disculpe. Au contraire, il les décrit en des termes qui rappellent les écrits les plus misogynes. Mais pour démontrer qu'elles étaient dénuées de tout pouvoir maléfique. Scot pensait qu'il devait éduquer la population superstitieuse. Il espérait dissuader les gens de croire aux sorcières et les convaincre que leur persécution était irrationnelle.  Cette persécution était pour lui totalement anti-chrétienne, et il tenait l'Église catholique pour responsable."

Source

Portrait of a Gentleman, possibly Reginald Scot (ca. 1537–99), British School, 1581. Oil on cedar panel. Gift of Mr. and Mrs. James MacLamroc, 1967

 

Autodafé

Le livre raconte aussi des histoires sur d'étranges phénomènes s'étant produits dans un contexte religieux. 

Le démon et sa capacité à absorber les âmes, des histoires de magiciens au pouvoirs surnaturels qui se produisant devant les cours de rois...

L'œuvre devient une encyclopédie exhaustive des croyances de l'époque sur la sorcellerie, les esprits, l'alchimie, la magie et la prestidigitation, tout en attirant l'attention d'un large public sur son scepticisme à propos de la sorcellerie. 

Malheureusement, le livre n’a pas réussi à mettre fin aux procès pour sorcellerie. 

Il a peut-être même conduit par inadvertance à encore plus de procès, car le livre a mis en colère à la fois l’Église et le roi Jacques VI d'Écosse qui croyait fermement aux sorcier·ères. 

" Il fut à son insu le cheval de Troie qui, à trop vouloir citer ses adversaires pour mieux les dénigrer, permit à de nombreux Anglais qui étaient peu ou pas latinistes d’avoir accès à un ensemble de stéréotypes de la sorcière démoniaque et de les intégrer ainsi au folklore insulaire. "

Source : La sorcellerie démystifiée (2015), Pierre Kapitaniak

On dit que le roi Jacques VI d'Écosse avait trouvé en eux une cible commode pour blâmer les malheurs et qu'il supervisa même leur torture avant d'écrire son propre livre intitulé Daemonologie (1597).

En 1603, les couronnes écossaise et anglaise fusionnèrent et Jacques VI d'Écosse devint Jacques Ier. 

On pense que sous son règne et à sa demande, quasiment toutes les copies disponibles du livre de Scot furent brûlées. 

Mais le livre n'a pas été anéanti pour autant.

"Contrairement aux idées reçues, ses positions ne furent pas rejetées en bloc et s’il n’eut que peu d’impact sur les procédures judiciaires qu’il dénonçait, il parvint à séduire beaucoup de ses contemporains, notamment sur les planches des théâtres. (...) Il faut reconnaître à Scot d’avoir aussi diffusé dès le début de la longue période des chasses aux sorcières une vision hautement sceptique de la sorcellerie, dont on ne peut douter qu’elle pût servir de frein aux persécutions, expliquant d’autant mieux les attaques virulentes contre lui de la part de prédicateurs principalement puritains."

Source : La sorcellerie démystifiée (2015), Pierre Kapitaniak

Extrait de The Discoverie of Witchcraft, wherein the Lewde dealing of Witches and Witchmongers is notablie detected, in sixteen books (1584) - Reginald Scot - Domaine public

 

Postérité

Il ne restait plus que quelques exemplaires de l'ouvrage et une traduction en néerlandais quand il est réimprimé un siècle plus tard.

Le chapitre sur les tours de magie sera largement plagié, et constituera une grande partie si ce n'est l'entièreté des livres de magie anglais des XVIIe et XVIIe siècles. 

Le célèbre magicien Harry Houdini prétendait posséder un texte antérieur : « L'œuvre de Gantziony de 1489, Magie naturelle et non naturelle », mais il n'y a aucune preuve que son existence (ou celle de son auteur) ait jamais existé. 

Houdini possédait en fait une première édition du livre de Scot.

William Shakespeare s'appuie sur son étude du livre de Scot pour les esquisses des sorcières de Macbeth, tout comme Thomas Middleton pour sa pièce La Sorcière.


En France il faudra attendre 2015 pour en trouver une traduction française : La sorcellerie démystifiée aux éditions Jérôme Millon.

« Pour feindre de vous enfoncer un couteau dans le bras et vous couper la moitié du nez, etc. » (à gauche) « Pour feindre de vous enfoncer un passe-fils dans la tête, et à travers votre langue, etc. » (à droite) - Extrait de The Discoverie of Witchcraft, wherein the Lewde dealing of Witches and Witchmongers is notablie detected, in sixteen books (1584) - Reginald Scot - Domaine public




Extrait de The Discoverie of Witchcraft, wherein the Lewde dealing of Witches and Witchmongers is notablie detected, in sixteen books (1584) - Reginald Scot - Domaine public

 

Illustrations dans le domaine public

Le livre et ses illustrations sont dans le domaine public, c'est un ouvrage anglais, il n'y a donc pas de droit moral sur son travail vous pouvez les réutiliser commercialement tells quels sur n'importe quel support ou les modifier (plus d'infos ici)

SUR LA BOUTIQUE

Collection THE WITCHING HOUR

Collection de carnets reproduisant des reliures de livres anciens et affiches d'art d'inspirations païennes, ésotériques et "spooky" avec monstres, chats noirs, cirtouilles et sorcières imprimés en France sur un papier qualité musée certifié FSC.

Sources & infos

Ce livre a été publié initialement en 1584 bien avant que le concept de droit d'auteur n'existe. 

Il a toujours été considéré comme étant dans le domaine public quand le concept émerge.

 

 À feuilleter 
The Discoverie of Witchcraft... sur Internet archive.

 A acheter
La sorcellerie démystifiée (2015) - traduction française du livre de Scot

❥ Sources
The Discoverie of Witchcraft Découverte de la sorcellerie - Wikipedia

Le gentleman, la sorcière et le diable : Reginald Scot, un anthropologue social avant la lettre ? - Georg Modestin sur Open editions


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